×

Accueil

9 sur 99 actions

3-1-1 et demi

La 37e Rue Ouest, à Manhattan

Les pionniers de Bijlmermeer

Réinterprétation du modernisme

Comment être un détective d’architecture

Le processus du SAAL

Pour une architecture sans pelouse en façade

Jimmy Carter prend parti

Recette insolite

La Kumbh Mela

L’approche participative de Coen Beeker à Ouagadougou

Milton-Parc en contexte

L’Aranya de Balkrishna Doshi

Recette insolite

Texte de Fergus the Forager

Fergus Drennan cueillant des baies de Mahonia japonica près d’une station-service, Canterbury, 2008

Nous avons tous eu vent des chiffres scandaleux concernant les tonnes de denrées alimentaires parfaitement propres à la consommation, qui sont mises au rebut chaque année. Nous connaissons tous les effets polluants des kilomètres-aliments excessifs. Et nous savons tous que l’emballage détruit notre paysage : fragments de sacs en plastique partout pris dans les arbres, résidus qui, dans les océans, étouffent et affament les albatros, sans parler des sites d’enfouissement, dont émane la puanteur des déchets de notre consommation effrénée, que nous oublions aussitôt que nous les avons ôtés de notre vue.

Se nourrir d’aliments prélevés dans la nature semble permettre d’éliminer un grand nombre de ces problèmes, mais inévitablement, occasionne également sa part de difficultés.

Je ne prétends d’ailleurs pas que si les millions d’habitants des îles britanniques revenaient à une existence de chasseurs-cueilleurs, nous puissions retrouver un paradis d’abondance, un lieu où nous prélasser au soleil, avec les moutons et les lions (de l’allégorie biblique des témoins de Jéhovah), où une humanité enfin unie vivrait en parfaite harmonie avec la nature et où la manne tomberait doucement jusqu’à nous, portée par une exquise brise d’été. Loin de là ! Il y a fort à parier que nous provoquerions des dommages équivalant à ceux d’une invasion de sauterelles.

Toutefois, en incorporant une certaine quantité d’aliments sauvages dans notre régime alimentaire, nous pouvons commencer à changer les choses… C’est pourquoi je présente ci-après une de mes recettes à base d’ingrédients sauvages, mais auparavant, je voudrais répondre aux personnes qui m’ont souvent questionné sur ma consommation d’animaux tués sur la route.

À vrai dire, je n’en mange pas beaucoup. La viande provenant de ces animaux constitue au maximum de 1 à 5 % de mon alimentation au cours de l’année. De plus, il est rare que je parte à leur recherche.

J’aime les animaux et par conséquent, à l’exception de ceux tués sur la route, je ne les mange pas.

Selon moi, la position la moins hypocrite, et qui nous permet de mieux comprendre l’animal que nous désirons manger et de communiquer avec lui, consiste à ne consommer que les animaux que nous avons nous-mêmes chassés et tués. Toutefois, avec la sensibilité qui est la mienne, je ne peux m’y résoudre !

J’aime tout de même manger de la viande, à l’occasion. J’apprécie beaucoup notre faune sauvage indigène, et je suis bouleversé par le nombre d’animaux tués tous les jours, pour rien – tués inutilement, en raison de l’avidité, de l’inconscience, de la paresse, de l’insensibilité dont font preuve les humains, ainsi que de la mauvaise exploitation et gestion de l’en-vironnement par nos sociétés. Parallèlement, je réprouve la quête insatiable de nourriture peu chère et relativement dépourvue de valeur nutritive, menée par notre société de consommation.

C’est ainsi que du choc de ces deux préoccupations a jailli une idée surprenante : manger des animaux tués sur la route. Non seulement, ce ne sont pas des bêtes d’élevage, gavées d’antibiotiques, mais en plus, ils représentent des aliments frais, locaux, saisonniers et riches en éléments nutritifs. Dans la région où j’habite, le Kent, ce sont le plus souvent des faisans, des écureuils, des lapins, des renards, des hérissons, des blaireaux, des poules d’eau et des lièvres, que l’on trouve sur le bord des routes. De toute manière, manger ces animaux n’est pas une nouveauté, si l’on se penche sur notre Histoire.

En conclusion, je dirais que je ne veux pas que des animaux soient tués pour que je les mange, et je ne veux pas les tuer moi-même. Il serait bien sûr possible d’étayer cette position par un solide argument intellectuel basé sur des raisons d’ordre moral, ou de l’aborder d’un point de vue spirituel, en l’associant à des concepts comme le karma et l’ahimsa, mais ce sera l’objet d’un autre débat. Au bout du compte, c’est surtout que je suis un sentimental !

Écureuils braisés

Ingrédients

Pour quatre portions

x4 écureuils dépouillés et vidés, sans pattes

8 ml (1 c. à s.) d’huile d’olive

300 g de feuilles de pissenlit

300 g de jeunes feuilles de laiteron

100 g de jeune oseille

150 g de cardamine velue

150 g de feuilles d’ortie

3 oignons de taille moyenne

100 g de cerfeuil ou de persil sauvage

80 g d’aneth

Quelques feuilles de mélisse

Le jus d’une grosse orange

Pignons de pin

Graines de sésame grillées

Quelques abricots ou raisins secs

15 ml (1 c. à s.) de vinaigre balsamique

1/2 c. à s. de poudre de curry

1/4 c. à s. de curcuma

1/8 c. à s. de cannelle

1 petit piment rouge

Sel et poivre

Eau

Préparation

Faire suer les oignons dans l’huile d’olive. Entre-temps, mettre de l’eau à bouillir dans une casserole, puis ajouter les feuilles de pissenlit, de laiteron et d’oseille. Faire blanchir de 30 secondes à une minute. Égoutter, puis jeter l’eau, afin d’éliminer l’excès d’amertume des feuilles. Mettre les oignons et les feuilles blanchies, de même que le reste des ingrédients, dans la casserole. Ajouter trois tasses d’eau. Laisser mijoter pendant environ une heure à couvert, en remuant à l’occasion pour éviter que la préparation n’attache ; ajouter un peu d’eau, si nécessaire. Servir avec un bon pain de campagne pour tremper dans la sauce.

Fergues Drennan, ou Fergus the Forager, est un activiste d’aliments sauvages et un éducateur. Cette recette a été publié pour la première fois dans : Comment s’approprier la ville, un livre que nous avons produit en 2008.