AERNOUT MIK

Communitas

du 1 mars au 8 mai 2011
Jeu de paume, Paris


J’ai réalisé deux affiches concernant l’exposition de l’artiste plasticien Aernout Mik ayant eu lieux au Jeu de Paume en 2011. Aernout Mik crée des installations vidéos architecturales à échelle 1. Les vidéos que l’on va regarder en elles-mêmes sont très proches des images qu’on pourrait définir comme « communes ». Elles évoquent des images télévisuelles, que l’on pourrait voir au JT : des scènes de guerres, des champs de bataille ou des débats en assemblées (au Sénat par exemple). On pourrait croire à du found footage. D’ailleurs, j’ai pu lire qu’il avait réalisé des projets en faisant du found footage, mais en l’occurence l’exposition Communitas ainsi que la plus part de ces travaux sont mis en scène. Il joue avec cette limite entre la fiction et la réalité. Cependant lorsqu’on se concentre, on remarque un groupe de personnes, qui agit en tant que tel (les personnes semblent perdre leur individualité, en quelque sorte). Ce groupe devient un organisme, un corps même, qui rend compte d’une action apparement dénuée de but concret ou de sens. Le corps (ici en tant que groupe) devient mécanique dans le sens où le corps devient une machine, par effet de groupe. On peut imaginer une espèce de transe chorégraphique. Les situations semblent narratives. Aernout Mik compose ces images avec les corps. Les décors sont toujours chaotiques. Dans Middlemen par exemple, le cadre peut ressembler à celui de la bourse de Wall-street, pendant le crash de 2008 aux Etats-Unis, avec le sol jonché de documents, et des têtes ébahies, choquées.. ou alors, plus récemment, à la Maison Blanche assiégée par les partisans de Donald Trump interrompant le vote de certification de l’élection de Joe Biden. En effet, Aernout Mik met en scène volontairement des actions qui pourraient faire écho à l’actualité. Il questionne les images médiatiques et le propos qu’elles peuvent véhiculer. Il questionne aussi le rôle de l’individu dans ces actions. Quel est notre rôle à nous, spectateurs ? Mik joue aussi avec l’espace de projection. Ces installations font partie intégrante de son travail. Il est question d’espace aussi bien dans les vidéos, que dans les installations. En effet, dans ces espaces de monstration, il va y avoir plusieurs écrans projetant la même action sous plusieurs points de vue ou avec le même point de vue mais sur plusieurs écrans, ou bien qu’un seul écran mais toujours dans une disposition où nous, spectateurs, sommes immergés dans l’action qui se déroule devant nos yeux. Nos corps vont prendre de la place et nous en deviendrions presque les acteurs. Lorsqu’il questionne la place des gens dans ces événements médiatisés, il nous questionne nous. Il fait écho à nos réalités, ou bien la réalité de certains, mais qui est en tout cas notre réalité en tant qu’image. Ce que j’ai voulu mettre en avant dans mes affiches c’est l’idée qu’il y ait plusieurs grands écrans dans l’espace, et donc plusieurs images séparées par une fine marge, mais bien distinctes. J’ai aussi fait le choix dans l’affiche paysage de l’imprimer sur deux papiers séparés pour que je puisse les afficher éloignées, pour prendre de l’espace et convoquer le corps du spectateur comme l’artiste.

Les images sont tirés volontairement de trois oeuvres différentes : Communitas, 2010, Organic escalator, 2000 et Touch, rise and fall, 2008. Également, j’ai fait des re-cadrages et des zooms sur les captures d’écrans que j’avais trouvé dans le livre d’exposition. Ce qui me fascinait et m’intriguait le plus au premier abord en voyant les images, c’était ces corps entassées, comme ils étaient placés : ce qu’ils créaient comme formes. Son travail m’a tout de suite intrigué. On cherche tout de suite à savoir de quoi il parle. Quelle revendication politique, quel événement met-il en avant ? Finalement, il parle des images médiatiques, de ses faiseurs et de ses acteurs. J’ai fait donc le choix de mettre les personnes au premier plan. Sur l’affiche paysage je laisse également une grande place au décor qui s’effondre. Les images que crée Aernout Mik sont très intrigantes, et c’est le sensation principale que je voulais retranscrire dans ma communication. De plus il y a un rapport très « froid » dans son travail, très rectiligne, carré. Il n’y a pas de son, les images et l’installation prennent toute la place. J’ai choisi des caractères (Staatliches et Teko) « longs », carrés, sans sérif et condensés qui me rappelaient cette droiture des installations architecturales.

affiche communitas affiche communitas