De l’Antiquité à l'ère Moderne, une régression sportive
1000 avant J.-C.
Atalanta bat Peleus à la lutte; présentation des jeux héréens pour femmes seulement, en Grèce.
440 avant J.-C.
Kallipateira s’infiltre en cachette aux Jeux olympiques et les hommes inventent le premier test de féminité afin de tenir les femmes à l’écart.
396 avant J.-C.
La princesse Kyniska de Sparte devient la première championne olympique féminine en remportant la course de chars.
1424 après J.-C.
Madame Margot déjoue les hommes parisiens au jeu de paume, un ancêtre du tennis.
Dans l’antiquité, le sport était une activité primordiale dans la vie quotidienne des citoyens des différentes civilisations. Cette période semblait présager une démocratisation du sport à court terme, sans discrimination sexuelle.
Dans la société grecque antique, la société était
séparée, aucune mixité n’était à l’ordre du jour. Cette organisation était équivalente dans l’organisation
des activités sportives de l’époque.Les femmes ne pouvaient participer aux pratiques des hommes et
vice-versa.
Une compétition leur était concédée tous les quatre ans, les jeux Héréens. Ceux-ci auraient
été fondés au VIe siècle avant J.-C. par seize femmes d’Élide. Les Jeux Héréens se déroulaient tous les
quatre ans à Olympie, deux semaines après la fin des Jeux Olympiques : « Les filles peuvent être de tous les âges et courent par catégories : d’abord les plus
jeunes, puis les moyennes, enfin les plus âgées. Le terrain mis à leur disposition pour leurs épreuves est
le stade olympique, mais on retranche du parcours environ un sixième.
Aux gagnantes des épreuves, on donne
des couronnes d’olivier et une portion de la vache qu’on a sacrifiée à Héra. » Les concours athlétiques
féminins ne comptaient qu’une épreuve, la course de cinq sixièmes de stade, soit environ 160 mètres.
Dans la Rome antique, aucune
compétition n’était organisée pour les femmes. Elles pouvaient en revanche assister aux compétitions
masculines en tribune, chose interdite en Grèce.
Les femmes pouvaient s’adonner librement à certaines
activités athlétiques de loisir, comme en témoignent plusieurs textes et mosaïques antiques. La mosaïque
de villa romaine du Casale, à Piazza Armerina en Sicile, nommée Les jeunes Filles en Bikini, est une
illustration précieuse (probablement des jeux de Rome de l’an 320). Elle représente des jeunes filles en
maillot deux pièces, s’exerçant au lancer de poids, course, saut avec haltères et jeu de de balle, ainsi
que le couronnement de la gagnante.
À partir du Moyen Âge, les preuves de
pratiques sportives féminines sont quasiment inexistantes, le corps de la femme devient tabou, son rôle
primordial est de procréer et il se doit également de rester féminin. Le peu de femmes participant aux
activités sportives fait partie de la noblesse. Elles pratiquent la chasse telles que la fauconnerie ou la
chasse au vol mais pas la chasse à cour considérée comme trop brutale et pas assez féminine. Elles ne sont
considérées comme l’égal de l’homme que dans les jeux intellectuels tels que les échecs ou la poésie.
C’est à partir du XIIIème siècle lors
de la démocratisation du Jeu de PaumeJeu de Paume que naissent les compétitions mixtes. Il existe de grandes
championnes telles que Margot La Hennuyère, qui aurait gagné en 1427 de nombreuses compétitions de Jeu De
Paume à la fois contre des hommes et des femmes. Précisons qu’au Moyen-Âge, la condition des femmes est
dépendante de deux principaux facteurs: leur situation géographique et leur place dans la société. On voit
donc une nette différence dans les raisons de la pratique sportive entre l’Antiquité et le Moyen-Âge :
religieuse dans l'Antiquité, militaire au Moyen-Age.
Le Journal d'un bourgeois de Paris (de 1405 à 1449) relate ainsi ses exploits : « Cette année 1427, vint à Paris une femme nommée Margot, assez jeune, comme de 28 à 30 ans, qui était du pays de Hainaut, laquelle jouait le mieux à la paume qu'oncques homme eût vu, et avec ce jouait devant main derrière main très puissamment, très malicieusement, très habilement, comme pouvait faire un homme, et peu venait d'hommes à qui elle ne gagnât, si ce n'était les plus puissants joueurs. » Journal d'un bourgeois de Paris, rééd. 1990, Paris, Le livre de poche
Longtemps bannies des compétitions mais bienvenues sur les champs de bataille, leur place dans le monde du sport se fait pas à pas. La première révolution du sport féminin intervient dans le monde anglo-saxon au XIXème siècle.