De l’Antiquité à l'ère Moderne, une régression sportive

Athlétisme féminin, sous l'Empire romain. Mosaïque de la Villa del Casale, IIIe siècle. Piazza Armerina, Sicile
              (Wikipédia)

1000 avant J.-C.

Atalanta bat Peleus à la lutte; présentation des jeux héréens pour femmes seulement, en Grèce.

440 avant J.-C.

Kallipateira s’infiltre en cachette aux Jeux olympiques et les hommes inventent le premier test de féminité afin de tenir les femmes à l’écart.

396 avant J.-C.

La princesse Kyniska de Sparte devient la première championne olympique féminine en remportant la course de chars.

1424 après J.-C.

Madame Margot déjoue les hommes parisiens au jeu de paume, un ancêtre du tennis.

Dans l’antiquité, le sport était une activité primordiale dans la vie quotidienne des citoyens des différentes civilisations. Cette période semblait présager une démocratisation du sport à court terme, sans discrimination sexuelle.

Dans la société grecque antique, la société était séparée, aucune mixité n’était à l’ordre du jour. Cette organisation était équivalente dans l’organisation des activités sportives de l’époque.Les femmes ne pouvaient participer aux pratiques des hommes et vice-versa.

Une compétition leur était concédée tous les quatre ans, les jeux Héréens. Ceux-ci auraient été fondés au VIe siècle avant J.-C. par seize femmes d’Élide. Les Jeux Héréens se déroulaient tous les quatre ans à Olympie, deux semaines après la fin des Jeux Olympiques : « Les filles peuvent être de tous les âges et courent par catégories : d’abord les plus jeunes, puis les moyennes, enfin les plus âgées. Le terrain mis à leur disposition pour leurs épreuves est le stade olympique, mais on retranche du parcours environ un sixième.

Aux gagnantes des épreuves, on donne des couronnes d’olivier et une portion de la vache qu’on a sacrifiée à Héra. » Les concours athlétiques féminins ne comptaient qu’une épreuve, la course de cinq sixièmes de stade, soit environ 160 mètres.

Photo of a plant with objects of different shapes
« Femme athlète courant », bronze, VIe siècle av. J.-C. (Pandetudes)

Dans la Rome antique, aucune compétition n’était organisée pour les femmes. Elles pouvaient en revanche assister aux compétitions masculines en tribune, chose interdite en Grèce.
Les femmes pouvaient s’adonner librement à certaines activités athlétiques de loisir, comme en témoignent plusieurs textes et mosaïques antiques. La mosaïque de villa romaine du Casale, à Piazza Armerina en Sicile, nommée Les jeunes Filles en Bikini, est une illustration précieuse (probablement des jeux de Rome de l’an 320). Elle représente des jeunes filles en maillot deux pièces, s’exerçant au lancer de poids, course, saut avec haltères et jeu de de balle, ainsi que le couronnement de la gagnante.

À partir du Moyen Âge, les preuves de pratiques sportives féminines sont quasiment inexistantes, le corps de la femme devient tabou, son rôle primordial est de procréer et il se doit également de rester féminin. Le peu de femmes participant aux activités sportives fait partie de la noblesse. Elles pratiquent la chasse telles que la fauconnerie ou la chasse au vol mais pas la chasse à cour considérée comme trop brutale et pas assez féminine. Elles ne sont considérées comme l’égal de l’homme que dans les jeux intellectuels tels que les échecs ou la poésie.

C’est à partir du XIIIème siècle lors de la démocratisation du Jeu de PaumeJeu de Paume que naissent les compétitions mixtes. Il existe de grandes championnes telles que Margot La Hennuyère, qui aurait gagné en 1427 de nombreuses compétitions de Jeu De Paume à la fois contre des hommes et des femmes. Précisons qu’au Moyen-Âge, la condition des femmes est dépendante de deux principaux facteurs: leur situation géographique et leur place dans la société. On voit donc une nette différence dans les raisons de la pratique sportive entre l’Antiquité et le Moyen-Âge : religieuse dans l'Antiquité, militaire au Moyen-Age.

Margot la Hennuyère, la première sportive dont l’histoire a retenu le nom. (curieuseshistoires)
Margot la Hennuyère, la première sportive dont l’histoire a retenu le nom. (curieuseshistoires)

Le Journal d'un bourgeois de Paris (de 1405 à 1449) relate ainsi ses exploits : «  Cette année 1427, vint à Paris une femme nommée Margot, assez jeune, comme de 28 à 30 ans, qui était du pays de Hainaut, laquelle jouait le mieux à la paume qu'oncques homme eût vu, et avec ce jouait devant main derrière main très puissamment, très malicieusement, très habilement, comme pouvait faire un homme, et peu venait d'hommes à qui elle ne gagnât, si ce n'était les plus puissants joueurs. » Journal d'un bourgeois de Paris, rééd. 1990, Paris, Le livre de poche

Longtemps bannies des compétitions mais bienvenues sur les champs de bataille, leur place dans le monde du sport se fait pas à pas. La première révolution du sport féminin intervient dans le monde anglo-saxon au XIXème siècle.