Billie Jean King

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Billie Jean King

Naissance

22 novembre 1943
Californie

Lorsque l’on évoque le tennis féminin à l’heure actuelle, certains noms nous viennent directement à l’esprit comme Serena Williams ou Maria Sharapova. Aujourd’hui, le tennis est le sport le plus médiatisé au féminin ce qui engendre des gains en tournoi très importants et équivalents à ce que gagnent les hommes. Néanmoins, comme dans n’importe quelle autre discipline sportive, cela n’était pas gagné d’avance. Et si elles peuvent gagner aussi bien leur vie que Roger ou Rafa, c’est le fait d’une de leur prédécesseuse, une certaine Billie Jean King.

Née le 22 novembre 1943 à Long Beach en Californie, Billie Jean Moffit est élevée dans une famille conservatrice et méthodiste. Elle débute le tennis sur les courts publics près de chez elle. Puis vient le temps des résultats et des titres.

Cette adepte inconditionnelle du service-volée s’est imposée six fois à Wimbledon, entre 1966 et 1975, quatre fois à l’US Open (1967, 1971, 1972, 1974), une fois en Australie (1968) et à Roland-Garros (1972), soit la bagatelle de 12 titres du Grand Chelem sans oublier ses 7 Fed Cup remportées avec l’équipe américaine.

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La joueuse de tennis américaine Billie Jean King lors des championnats de Wimbledon de 1972 à Londres, au Royaume-Uni, en juillet 1972.

La tenniswoman américaine a été cinq fois numéro 1 mondiale en simple entre 1966 et 1974 et a été membre du top 10 pendant dix-sept années au total, elle a également été numéro un en double pendant douze saisons (un record), dont huit avec Rosie Casals. A ajouter sur son CV impressionnant : Billie Jean fut la première femme à être élue sportive de l’année aux Etats-Unis par l’hebdomadaire Sports Illustrated, une décision révolutionnaire à l’époque !

Mais cette impressionnante série de résultats n’explique pas la raison pour laquelle Billie Jean King s’est retrouvée catapultée par le magazine Life parmi les 100 Américains les plus importants du XXe siècle. En effet, la meilleure joueuse de tennis du monde dans les années 1970 se bat pour l’égalité hommes-femmes dans le sport, puis deviendra plus tard, une icône du combat pour la cause homosexuelle.

Car c’est autant sur le terrain du militantisme que sur les courts de tennis que Billie Jean King, a bâti sa légende par le biais notamment de l’obtention de la parité en matière de gains à l’US Open dès 1973, année où la championne, Margaret Court, reçut le même chèque de 25.000 dollars que le champion, John Newcombe. Pour arriver à ses fins, King, alors meilleure joueuse du monde, avait menacé de ne pas participer au tournoi. Trois ans plus tôt, en 1970, à la tête d’un groupe de huit autres joueuses, elle s’était déjà rebellée contre l’ordre amateur qui prévalait alors chez les femmes quand le professionnalisme était devenu la norme chez les hommes en 1968. Par provocation, ces neuf suffragettes, qui n’avaient pratiquement pas le droit de toucher le moindre argent en compétition, signèrent symboliquement un contrat professionnel de 1 dollar auprès d’un promoteur. La Fédération internationale de tennis n’osa pas les sanctionner.

Ce coup de force déboucha sur la création du circuit Virginia Slims, nom qui se modifiera en la WTA (Women’s Tennis Association), l’association des joueuses, dont Billie Jean King fut naturellement la première présidente de 1973 à 1975. King qui, pour l’anecdote, devint aussi la première sportive de l’histoire à amasser plus de 100 000 dollars au cours d’une même année.

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Face au refus du CIO d’ouvrir la participation des femmes aux JO, Alice Milliat décide d’organiser des Jeux olympiques féminins. La première édition se déroule en 1922 au stade Pershing à Paris et rassemblee 77 athlètes venues de cinq nations. (Ouest-France)

Billie Jean King ne s’est pas arrêtée là. Sa première relation, avec Marilyn Barnett, sa secrétaire, tourna au scandale en 1981 quand celle qui fut sa compagne en secret pendant 10 ans révéla publiquement que la sextuple championne de Wimbledon était homosexuelle et qu’elle la traînait devant la justice pour des raisons financières. « En quelques heures, j’ai perdu tous mes contrats, avoua celle qui fut la première sportive “outée” de l’histoire. Et tout cela m’a coûté au moins deux millions de dollars en frais d’avocats. »

Aujourd’hui, l’ancienne n°1 mondiale milite activement auprès de son ami Elton John dans la lutte contre le sida. C’est l’une des premières stars du sport à oser. En 2009, Barack Obama lui remet la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile américaine, saluant son courage et ses combats. Par ailleurs, le Président américain décide de l’intégrer dans la délégation officielle des États-Unis pour les Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi. La présence de Billie Jean King, homosexuelle notoire, sera la réponse des États-Unis aux lois homophobes promulguées en 2013 par le président russe Vladimir Poutine.

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Ici avec l'ancien Président des USA, Barack Obama. (Apollomagazine)

C’est en 1973, enfin, que Billie Jean King, créatrice, avec son mari de l’époque, d’une fondation et d’un magazine dédiés aux sports féminins dispute l’un des plus célèbres matches de l’histoire du tennis. Si la lutte pour l’égalité a été l’éternel aiguillon de Billie Jean King et la « Bataille des Sexes » en a été le symbole lumineux en novembre 1973 quand elle releva le défi lancé par Bobby Riggs, un ancien vainqueur de Wimbledon. A 55 ans, Riggs, un habitué des diatribes misogynes, provoqua King, 30 ans, en affirmant qu’elle n’avait pas la moindre chance contre lui. Disputée à Houston, devant 30.473 spectateurs et sur les antennes d’ABC en prime time, la rencontre engendra une couverture médiatique digne d’une convention à la veille d’une élection américaine. 

« Le tennis féminin est inférieur à celui pratiqué par les hommes, aucune joueuse en activité ne pourrait jamais venir à bout d'un retraité. La place des femmes est dans la chambre à coucher et dans la cuisine. Je veux battre Billie Jean pour tous les mecs qui vont se marier, dont les épouses ne les laisseront pas jouer au poker le vendredi soir ou aller à la pêche le week-end. » Voici quelques remarques machistes de Bobby Riggs juste aant le match

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Billie Jean King face à Bobby Riggs. (LeFigaro)

Elle reste à ce jour la plus forte audience télévisée jamais enregistrée pour le tennis aux Etats-Unis avec plus de 50 millions de téléspectateurs. l’Américaine remporte la rencontre 6-4, 6-3, 6-3 et apporte enfin une reconnaissance au tennis féminin. En conclusion, citons Sheperd Campbell, ancien directeur de Tennis Magazine qui déclara en septembre 2013 à l’occasion du quarantième anniversaire de la Battle :



« Grâce à Billie Jean King, c’est devenu acceptable pour les femmes de suer et de se donner autant qu’un homme dans un stade. Elle a changé le sport féminin » !