Alice Milliat

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Alice Milliat

Naissance

5 mai 1884
Nantes, France

Décès

19 mai 1957
Paris, France

Pionnière du sport féminin, Alice Milliat a milité au début du XXe siècle pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques, malgré l’opposition de Pierre de Coubertin. Infatigable militante pour la reconnaissance des femmes dans le sport, la Nantaise figure au panthéon des pionnières. Récit d’une vie hors du commun.

Née nantaise en 1884, elle devient enseignante à la vingtaine et s’exile à Londres avec son mari où elle y exercera sa noble profession. Si elle n’est pas une athlète de haut niveau, elle est une championne d’aviron, elle est capable de ramer 80 km en moins de douze heures.

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Alice Milliat, seule femme au sein du jury des JO de 1928. (Abloc)

Marquée par sa découverte du sport, mais aussi par le combat des suffragettes anglaises pour l’égalité entre les femmes et les hommes, Alice Milliat se rapproche alors de l’un des premiers clubs féminins de l’Hexagone, le Fémina Sport , créé en 1911 par Pierre Payssé, ancien champion du monde de gymnastique, afin de poursuivre sa pratique de l’aviron. L’association sportive ne propose alors que de la gymnastique rythmique et dansée. Qu’importe, la jeune femme propose ses services au bureau de l’association, et se retrouve élue présidente en 1915. Sous son impulsion, le Fémina Sport diversifie ses activités. Outre l’aviron, le club propose maintenant aux jeunes femmes de pratiquer l’athlétisme, le basket-ball, le football ou encore la barrette, une version adaptée du rugby. C’est le début de la révolution engendrée par Alice Milliat !

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Grâce à Alice Milliat à la tête du Fémina Sport, le club diversifie ses activités en proposant à ses membres des disciplines comme l’athlétisme, le basket-ball, le football ou encore la barrette, une version adaptée du rugby. (Ouest-France)

Un entrefilet dans l'Echo de Paris du 14 mars 1919 informe que la Fédération des sociétés féminines sportives de France a nommé à sa présidence Alice Milliat. Encouragée par ce succès, Alice Milliat, demande officiellement au CIO d’intégrer des épreuves féminines aux JO, notamment dans le programme d’athlétisme, la discipline phare. Face à l’absence de réponse de Coubertin et de ses comparses, la jeune femme contre-attaque : elle annonce que sa fédération organisera ses premiers Jeux olympiques féminins, événement immédiatement condamné par le CIO, qui crie au plagiat.

Après une réponse négative de la pars de Pierre de Coubertin, le 20août 1922, sur le stade Pershing à Paris, 77 sportives venues de France, des États-Unis, de Tchécoslovaquie, de Grande-Bretagne et de Suisse s’affrontent devant plus de 20 000 spectateurs.

« Son objectif réel n’est pas de créer une compétition parallèle pérenne […] mais de prouver aux dirigeants du CIO les capacités sportives des femmes afin d’être admises dans l’intégralité du programme olympique », explique l’historienne Florence Carpentier dans un article publié dans la Revue d’Histoire.

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Face au refus du CIO d’ouvrir la participation des femmes aux JO, Alice Milliat décide d’organiser des Jeux olympiques féminins. La première édition se déroule en 1922 au stade Pershing à Paris et rassemblee 77 athlètes venues de cinq nations. (Ouest-France)

Malheureusement, pour les JO de 1924 à Paris, le CIO refuse une nouvelle fois d’organiser des épreuves féminines en athlétisme. Qu’à cela ne tienne, deux ans plus tard, la FSFI organise une deuxième édition de ses olympiades féminines, à Göteborg en Suède. La compétition est rebaptisée Jeux mondiaux féminins, afin de ménager la susceptibilité du CIO.

Cette manœuvre crée le débat au sein de la FSFI. Certaines délégations veulent saisir cette chance. Pour la première fois de l’histoire de l’olympisme, quatorze épreuves féminines dans quatre sports (escrime, gymnastique, athlétisme et natation) sont au programme, et 277 athlètes féminines (sur un total de 2 883) participent aux JO de 1928 à Amsterdam.

Pour Alice Milliat, le chemin est encore long, elle maintient la pression sur le CIO avec son association en maintenant l’organisation des Jeux mondiaux féminins, qui se déroulent en 1930 à Prague, puis à Londres en 1934, avec à chaque fois 270 participantes de près de 20 pays.

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Face au refus du CIO d’ouvrir la participation des femmes aux JO, Alice Milliat décide d’organiser des Jeux olympiques féminins. La première édition se déroule en 1922 au stade Pershing à Paris et rassemblee 77 athlètes venues de cinq nations. (Ouest-France)

Quand Alice Milliat, quitte le mouvement sportif, quatre jeux mondiaux féminins ont été organisés entre 1926 et 1934. Mais le CIO et la Fédération internationale d'athlétisme, en la personne de Siegfried Edström (son fondateur suédois qui la présidera jusqu'en 1946 et membre de la commission exécutive puis président du CIO entre 1921 et 1952) ont réussi à étouffer le mouvement en le vampirisant. Alice Milliat retourne à son travail de sténo-interprête. Au milieu des années 1930, la FSFSF s'éteint faute d'argent, tandis que la fédération internationale et les Jeux mondiaux disparaissent pendant les Jeux olympiques de Berlin en 1936, piégés par le puissant dirigeant Edström.

Vingt et un ans plus tard, Alice Milliat décède à Paris, le 17 mai 1957, dans l'anonymat puisque même sa pierre tombale, retrouvée dans un cimetière de Nantes, ne porte aucun nom. Pourtant, si aujourd’hui les femmes peuvent pratiquer un sport à haut niveau et rêver de participer aux JO, c’est en grande partie grâce à elle…