Un correspondant qui avait écrit « La citation mise en exergue… » s’est fait corriger. Il aurait dû, d’après son réviseur, écrire : « La citation mise en épigraphe… ». Ce correspondant n’a pas du tout apprécié cette intervention. Il me demande ce que j’en pense.
Le problème posé concerne fondamentalement le rapport de force qui existe entre réviseur et révisé : ce dernier doit-il accepter, sans mot dire et sans maudire, toutes les interventions du réviseur? Je n’entrerai pas dans ce débat assez délicat, du moins pour le moment, Peut-être le ferai-je plus tard. Je me limiterai ici au simple emploi de ces deux termes.
Voyons ce qu’en disent les dictionnaires actuels. Le Petit Robert, tout comme le Petit Larousse, attribue à épigraphe les deux acceptions suivantes :
1 Inscription placée sur un édifice pour indiquer la date de sa construction, sa destination, etc.
2 Courte citation placée en tête d’un ouvrage, d’un chapitre pour en indiquer l’esprit.
Ce que ces dictionnaires ne disent pas, c’est qu’au départ ce terme désignait uniquement l’inscription qu’on met sur un bâtiment; que c’est par analogie qu’il en est venu à désigner la citation placée en tête d’un texte. Et cette double acception a cours depuis au moins 1762 (DAF, 4e éd.).
Changer exergue pour épigraphe, comme l’a fait le réviseur, n’est donc pas en soi une erreur. Épigraphe désigne à la perfection ce à quoi fait référence mon correspondant quand il dit : « La citation mise en exergue… ». Il devrait donc être content que son réviseur intervienne pour lui suggérer un terme plus pertinent. Mais, de toute évidence, il ne l’est pas. C’est dire que son mécontentement ne tient pas qu’à la définition du terme.