Dora
Maar


L'une des plus grandes photographes

Martine Franck inaugure la nouvelle Fondation Cartier-Bresson, dans le quartier du Marais à Paris. Cette artiste est considérée comme l'une des plus grandes photographes du vingtième siècle. Elle laisse une oeuvre gorgée de vie, palpitante d'émotions subtiles. Le bonheur en noir et blanc.


" Je crois que l'important, c'est de s'effacer devant son sujet, de s'oublier, de ne pas avoir d'idées préconçues de qui on va photographier..." confiait Martine Franck. La centaine de photos exposées dans ce nouvel espace de la Fondation Cartier-Bresson à Paris ne dit pas le contraire.


Les oeuvres de Martine Franck, qui épousa en 1970 Henri Cartier-Bresson, l'hommelégende de la photographie, inaugurent ce nouveau lieu, après plus d'une décennie passée dans une impasse du 14ème arrondissement. Désormais sise au 79 de la rue des Archives (la bien nommée), non loin de la Place de la République, la Fondation Cartier-Bresson offre un espace plus généreux capable d'accueillir confortablement les chercheurs, les groupes scolaires ou universitaires. Le patrimoine est colossal et c'est à l'étage, si l'on ose dire, que repose le fond : 30 000 tirages de Henri Cartier Bresson, 200 000 négatifs, la correspondance, les parutions, auquel il convient d'ajouter les 25 000 tirages de Martine Franck. Il n'était que justice que son travail inaugure cette nouvelle place forte de la photographie. Un trésor. Un bonheur. Tulku

la fondation s’est installée dans un ancien garage Renault. Le nouvel espace se divise en salle d’exposition, librairie, salles de conférences et bibliothèque

Tulku Khentrul Lodro Rabsel, 12 ans, avec son tuteur Lhagyel, monastère Shechen, Bodnath, Népal, 1966

Martine Franck, l'émotion piégée

Ses tirages noir et blanc, majestueux et puissants, ont piégé une émotion que le temps n'a pas abîmée. Martine Franck savait fixer le reste d'enfant chez la personne âgée, comme elle savait déceler l'adulte à venir chez l'enfant en souffrance.


La générosité de son regard offre au coeur des instants de vie magnifiques, désormais éternels. " Je commence toujours par photographier les enfants parce que ce sont les enfants qui vous ammènent vers les parents, expliquait-elle. Et souvent, c'est la meilleure façon de rentrer en contact avec les gens. Ce que je cherche, c'est l'échange de regards. Avec les enfants, c'est la spontaneité."


Si la savante composition des photos d'un artiste comme Robert Doisneau (laquelle composition était souvent une mise en scène) provoque un sourire ému, le charme délicieux d'un Paris fantasmé, rien de tel avec Martine Franck.


Tory Island, Comté de Donegal, Irlande, 1995

Les rapports entre gris noirs et blancs

La photographe privilégie l'instant volé à l'oubli et au néant, ce millième de seconde qui fixe à jamais l'effleurement d'une émotion. Trois fois rien qui font tout et, surtout, qui font du bien : un sourire, des enfants en apesanteur, un pigeon sur la tête d'un moine, un baiser échangé dans un cimetière.


Ses photos sont poreuses d'une douceur rare, d'une bienveillance complice.


Le noir est blanc lui procure un plaisir sans cesse renouvelé : "Il y a une certaine transposition dans le noir et blanc. On peut aller ailleurs. Ce n'est pas trop réel. On est pas trop confronté aux couleurs criardes. Quand on photographie quelqu'un, on ne peut pas toujours demander qu'il soit habillé de telle ou telle façon. Ce n'est pas toujours très heureux alors qu'en noir et blanc, cela n'a aucune importance. Il y a des rapports entre les gris, les noirs et les blancs et c'est toujours harmonieux. On se concentre plus sur l'expression, sur la composition." Je


L'influence du cubisme

Longtemps, la gamine se souviendra de son grand-père qui mourut alors qu'il photographiait ses deux cousins sur une digue à Ostende. Le brave homme souhaitait un cadrage idéal. Il recula... et s'écrasa sur les rochers. "C'est l'angoisse des photographes ! Quand on fait des reportages. On oublie ce qui est autour de soi...". Elle doit à sa mère, chanteuse, son extrême sensibilité à la musique. Enfant, alors qu'elle est élève pensionnaire en Angleterre, elle intègre la chorale de l'école avec, chaque année au programme, Le Messie de Haendel et La passion de Saint Mathieu. Elle accompagne partout sa mère : au concert, à l'Opéra. "J'ai été baignée dans la voix depuis ma plus tendre enfance" dira-t-elle.


Plus tard, elle ne jurera que par Bessie Smith et Billie Holiday. Quel rapport entre la musique et la photo ? "La lumière, c'est comme les voix, cela ondule, cela module..." Martine Franck fait des études d'histoire de l'art à l'Université de Madrid, puis à l'Ecole du Louvre à Paris. Elle présente une thèse sur "l'influence du cubisme sur la sculpture ", mais renonce au dernier moment : "Cela m'a paru tellement pénible d'écrire sur l'art, alors que j'aime tellement la peinture et la sculpture, que je suis partie en Chine avec le Transsibérien".


Aperçu de l'oeuvre de Franck

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Maar, sans titre, 1907-1997
Les quais de la Seine, 1944, Huile sur toile - 80 x 100 cm
Paysage et ciel, vers 1960, Huile sur toile - 46 x 55 cm
Ménerbes et la citadelle
Encre vertes et noires sur papier, 22,5 x 31,5 cm, cachet atelier Dora Maar, monogrammé au verso
Maar, sans titre, 1907-1997
Nature morte à la lampe, 1941 Huile sur toile, 50 x 61 cm