Aaron
Swartz

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Il y’a 30 ans, dans la ville de Chicago, dans l’état de l’Illinois, est né Aaron Swartz.

Sa famille, dont son père, professeur, chercheur et éditeur de logiciels informatiques, et son grand-père, prix Nobel de la paix 1995, lui donnent le goût de la défense de la « culture libre ».

Il est rapidement convaincu que l’accès à la connaissance est un moyen d'émancipation et de justice, et va s’attacher à se battre pour la démocratisation de l’information toute sa vie.

Dès son plus jeune âge, Aaron est inscrit dans une école pour surdoués, mais il connait une scolarité difficile. Son père dit de lui qu'«il était un enfant très sensible et très fragile, ce qui amplifie ses difficultés ».

Aaron est d’ailleurs tellement sensible qu’il est atteint d’un syndrome de dysoralité sensorielle (appelé en américain « Supertasting »), qui lui donne une sensibilité gustative surdéveloppée.

Il privilégie alors les aliments comme le riz et la mie de pain. Il explique d’ailleurs : «  Seule la nourriture de couleur blanche me convient à peu près lorsque je suis dans un état d’agacement avancé ou dépressif ».

Très tôt, Aaron s’intéresse
à l’informatique avec un goût prononcé pour les projets collaboratifs et en Open Source :

À 12 ans, il crée The Info Network, une encyclopédie éditée par les internautes, qui repose sur un principe de collaboration ouvert aux internautes comme Wikipédia.

À 13 ans, il reçoit l’ArsDigita
Prize, qui récompense les jeunes
gens ayant créé des sites non commerciaux « utiles, éducatifs
et collaboratifs ».

À 14 ans, il participe à l'élabo-
-ration de la spécification 1.0 du format RSS, une technologie permettant de recevoir en direct les mises à jour de sites web.

À 15 ans, il contribue au développement informatique
de la licence Creative Commons12, alternative
aux licences du droit d'auteur standard, dans une perspective
de l’accès libre du droit d’auteur.

Plus tard, il est nommé chercheur dans le centre de recherche le « Safra Center for Ethics » axé sur la corruption institutionnelle de l'université Harvard par Lawrence Lessig, malgré son jeune âge et son absence de diplôme.

Lawrence Lessig explique qu’au début il était comme une professeur pour Aaron, mais que plus tard, Aaron est devenu son mentor, et lui son élève.

Aaron a toujours mené des activités militantes, la création du collectif Demande Progress, par exemple, qui lutte contre la fermeture de Wiki-Leaks, qui appelle à réduire les nouvelles et vastes prérogatives de l'exécutif américain sur Internet ou encore qui s’opposera à la censure sur Facebook.

Il déclare : « Les libertés garanties par notre Constitution, sur lesquelles s'est construit notre pays seraient soudainement supprimées. Au lieu de nous rendre plus libres, la technologie nous priverait de droits fondamentaux qu'on a toujours tenus pour acquis. »

En 2011, conscient que son potentiel informatique peut permettre à ses actions d’avoir une véritable portée politique, il réalise son coup le plus spectaculaire.

Il pirate la base de données du JSTOR, un système d'archivage en ligne américain de publications universitaires et scientifiques. Il récupère alors quasiment la totalité du fonds, dans le but de rendre ces données publiques.

L'action d'Aaron Swartz, bien qu'illégale, aura eu un impact très favorable sur les pratiques du JSTOR puisque l'archive donne désormais accès librement et gratuitement à plus de 500 000 articles du domaine public.

Le JSTOR et le MIT font alors preuve de compréhension en abandonnant les poursuites envers Aaron. Malheureusement, le FBI et le gouvernement américain ne l’entendent pas de cette oreille : en 2011, il risque une peine de 35 ans de prison et une amende d’1 million de dollars.

En 2013, Aaron se donne la mort, il a alors 26 ans. Les dépressions qu'il a à répétition depuis l’enfance y sont pour quelque chose, mais il est évident que la perspective d'une très lourde sanction a pesé dans la balance.

Sa famille déclare :

« La mort d'Aaron n'est pas seulement une tragédie personnelle. C'est le résultat d'un système judiciaire criminel où l'intimidation et les poursuites excessives abondent. Les décisions prises par le bureau du procureur du Massachusetts et le MIT ont contribué à sa mort. Le procureur des États-Unis l'a poursuivi sous un ensemble de chefs d'accusation particulièrement sévères, le menaçant de plus de 30 ans de prison, pour punir un crime allégué, sans victime. De plus, contrairement au JSTOR, le MIT a refusé de défendre Aaron, et ce faisant les principes les plus chers de sa propre communauté. »

L'enfant du net :
sur les traces d'Aaron Swartz

Son livre

Au fil de ses différents combats, Aaron Swartz rédigea une impressionnante quantité d'articles, de textes de conférences et de pamphlets politiques, dont une partie est rassemblée dans cet ouvrage.
Son amie et mentor Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard et candidat aux primaires démocrates pour l'éléction présidentielle américaine de 2016, signe l'introduction de cet ouvrage. Chaque section est également précédée d'une éclairante analyse écrite par l'un des proches collaborateurs d'Aaron Swartz - dont l'auteur de science-fiction Cory Doctorow, l'éditorialiste de Slate : David Auerbach, et David Segal, avec qui Swartz a cofondé l'organisation militante Demand Progress.

Son père,
le Dr. Robert Swartz

Robert Swartz est le directeur du National Center for Teaching Thinking, aux États-Unis. Il a obtenu son doctorat de l'Université Harvard en 1963 et fut membre du corps professoral de l'Université du Massachusetts à Boston. Il a été président du département de philosophie et a fondé le programme de maîtrise sur la pensée critique et créative. Au cours des trente dernières années, il a beaucoup travaillé avec des enseignants, des écoles, des districts scolaires et des collèges dans le cadre de projets de développement du personnel visant à restructurer les programmes d’études et l’enseignement en intégrant une pensée critique et créative à l’enseignement du contenu. 



Creative
Commons12

Creative Commons (CC) est une association à but non lucratif dont la finalité est de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard de leur pays, jugés trop restrictifs. L’organisation a créé plusieurs licences, connues sous le nom de licences Creative Commons. Ces licences, selon leur choix, ne protègent aucun ou seulement quelques droits relatifs aux oeuvres. Le droit d'auteur (ou « copyright ») est plus restrictif.
L'organisation Creative Commons a pour symbole
« CC », elle a été fondée en 2001 par Lawrence Lessig, Hal Abelson, et Eric Eldred avec le soutien du Center for the Public Domain. Le mouvement Creative Commons propose des contrats-types d’offre de mise à disposition d’œuvres en ligne ou hors-ligne : rien n'empêche de créer un CD ou un livre sous une licence Creative Commons. Inspirés par les licences de logiciels libres et le mouvement open source, ces textes facilitent l’utilisation et la réutilisation d’œuvres.

Le Safra Center
for Ethics

Le Centre d’éthique Edmond J. Safra est un centre de recherche de l’Université de Harvard . Il vise à faire progresser l'enseignement et la recherche sur les questions éthiques dans la vie publique ». Il porte le nom de Edmond J. Safra, un banquier brésilien mort en 1999, et a été soutenu par Lily Safra, son épouse. Le Centre d’éthique était la première initiative interfaculté de l’Université de Harvard.

Wiki-Leaks

WikiLeaks est une organisation non gouvernementale fondée par Julian Assange en 2006, dont l'objectif est de publier des documents, pour partie, confidentiels ainsi que des analyses politiques et sociales à l'échelle mondiale. Sa raison d'être est de donner une audience aux lanceurs d'alertes et aux fuites d'information, tout en protégeant ses sources. Plusieurs millions de documents relatifs à des scandales de corruption, d'espionnage et de violations de droits de l'homme concernant des dizaines de pays à travers le monde ont été publiés sur le site internet depuis sa création.

Le JOSTR

Le JSTOR (contraction de Journal Storage) est à la fois un système d'archivage en ligne de publications universitaires et scientifiques et une bibliothèque numérique payante. Fondé en 1995, le JSTOR est aujourd'hui une société américaine à but non lucratif basée à New York. Le JSTOR fut conçu par William G. Bowen pour aider les bibliothèques, notamment les bibliothèques universitaires et de recherches, à faire face à l'augmentation du nombre de revues académiques. Les coûts et l'espace nécessaires obligeaient les bibliothèques à revoir leurs abonnements. En numérisant les revues scientifiques, le JSTOR a permis aux bibliothèques de sous-traiter leur stockage. Outre la garantie d'accessibilité à long terme, la numérisation a également permis l'accès en ligne et la recherche dans le texte.