Générique

Le générique de Mad Mad Mad Mad World est le générique le plus long créé par Saul Bass, il a une durée totale de 4 minutes.

Il a voulu transmettre à travers ce générique le côté frénétique et sans repos du film dans la quête de ce soit disant trésor.

Chaque personnage du film est en compétition : disputes, courses poursuites, barrages, coups montés, la folie s’installe peu à peu chez chaque personnage changeant leur comportement et enchaînant des actions de plus en plus délirantes.

capture d'écran du générique de Saul Bass capture d'écran du générique de Saul Bass capture d'écran du générique de Saul Bass

D’ailleurs, on peut comprendre cette compétition intense à 00 : 43 du générique, où chaque personnage change de place son nom dans la liste pour le mettre en première position.

Dans son générique, Saul Bass retranscrit à merveille cette folie qui s’installe dans chaque personnage avec des jeux de mots, des gags visuels, des illustrations simplistes et enfantines.

« Les choses intéressantes naissent quand l’impulsion créatrice est cultivée par la curiosité, la liberté et l’intensité »
- Pat Kirkham, historien du design

titre animé

La technique d’animation utilisée s’inscrit dans un nouveau mouvement appelé « motion design ». Le motion design est l’art de mélanger animation typographique, 2D, 3D et vidéo dans une même réalisation. Grâce à Saul Bass, le générique basique et ennuyant de film s’est transformé en espace de création artistique faisant partie intégrante de ce dernier.

Le générique donne un premier aperçu de ce que le spectateur va découvrir en regardant le film, allié à cette technique d’animation, il devient un élément essentiel et mémorable. On peut même parler d’identité du film.

Pour Mad, Mad, Mad, Mad World, il donne le ton avec les couleurs et le caractère mêlé de cupidité et de la tromperie que donne le réalisateur Stanley Kramer à cette histoire rocambolesque.

La musique est un élément essentiel à ce générique, chaque note répond à l’image et crée un rythme dynamique et rapide. Cette bande originale créée par Ernest Gold, compositeur américain, capture toute la folie et le chaos de ce long métrage. Il y a un effet flottant de redondance avec de nombreuses variations définissant l’avidité de chaque personnage pour l’argent et ce qu’ils pourraient en faire.

Timing, espace, rythme, fluidité du mouvement, écrasement, étirement, exagération, tous ces éléments rendent ce générique attractif et addictif.

Film

capture d'écran du film avec trois acteurs, une femme et deux hommes capture d'écran du film avec trois acteurs dans une voiture, deux femmes et un homme capture d'écran du film avec neuf acteurs cherchant le trésor dans un parc

Smiler Grogan, un cambrioleur tout juste sorti de prison, est accidenté sur une route californienne alors qu’il allait récupérer les 350 000 dollars qu’il avait cachés dans un parc. Avant de mourir, il confie son secret aux automobilistes qui se sont arrêtés pour lui porter secours. Une course s’engage alors pour retrouver le pactole du défunt…

Réalisateur

Stanley Kramer

Scénario

Tania Rose et William Rose

Acteurs principaux

Mickey Rooney, Milton Berle, Ethel Merman, Spencer Tracy, Sid Caesar

Société de production

Casey Productions

Pays de production

Etats-Unis

Genre

Comédie loufoque, Aventure

Durée

154 minutes

Sortie

1963

Réalisateur

Stanley Kramer avec une caméra

Le réalisateur Steven Spielberg le décrit comme un « visionnaire incroyablement talentueux » et un « de nos grands cinéastes, pas seulement pour l’art et la passion qu’il a mis à l’écran, mais pour l’impact qu’il a eu sur la conscience du monde ».

Stanley Kramer était un réalisateur et producteur de cinéma américain, né le 29 septembre 1913 dans Brooklyn à New York et mort le 19 février 2001 à Woodland Hills en Californie.

Le 28 mars 1960, la première étoile du Walk of Fame fut attribuée au réalisateur Stanley Kramer.

Producteur et réalisateur indépendant, il a attiré l’attention sur des problèmes sociaux d’actualité que la plupart des studios ont évité. Parmi les sujets abordés dans ses films figurent

le racisme (dans La Chaîne et Devine qui vient dîner),

la guerre nucléaire (dans Le Dernier Rivage),

la cupidité (dans Un monde fou, fou, fou, fou),

créationnisme ou évolution (dans Procès de singe)

et les causes et les effets du fascisme (dans Jugement à Nuremberg).

Parmi ses autres films remarquables figurent Le train sifflera trois fois en 1952, en tant que producteur, Ouragan sur le Caine en 1954, en tant que producteur et La Nef des fous en 1965.

Kramer a été reconnu pour son indépendance féroce en tant que producteur-réalisateur. Son auteur, Victor Navasky, a écrit que « parmi les indépendants (...) aucun ne semblait être plus expressif, plus libéral, plus pugnace que le jeune Stanley Kramer ». Son ami Kevin Spacey, lors de son discours de remerciement aux Golden Globes de 2015, a rendu hommage au travail de Kramer, le qualifiant de « l'un des plus grands cinéastes de tous les temps ». Malgré une réception critique inégale, le travail de Kramer a été récompensé par de nombreux prix, dont 16 Oscars et 80 nominations. Il a été nommé neuf fois producteur ou réalisateur. En 1961, il reçut le prix commémoratif Irving G. Thalberg . En 1963, il fut membre du jury du 3e Festival international du film de Moscou. En 1998, il reçut le premier prix NAACP Vanguard en reconnaissance des « thèmes sociaux forts qui ont caractérisé son œuvre ». En 2002, le prix Stanley Kramer, destiné aux lauréats dont le travail « illustre de manière dramatique des problèmes sociaux provocateurs », fut créé.

Saul Bass

Portrait de Saul Bass

Saul Bass est un graphiste américain, né le 8 mai 1920 à New York et mort le 25 avril 1996 à Los Angeles. Célèbre pour son travail dans le domaine cinématographique, il a collaboré avec de grands réalisateurs, notamment Otto Preminger, Alfred Hitchcock et Martin Scorsese à plusieurs reprises, à la fois pour la création de génériques et pour la conception d'affiches. Il a aussi réalisé plusieurs courts métrages et un long métrage. Il a également créé plusieurs logos, par exemple pour AT&T.

(wikipédia)

Saul Bass révolutionne le générique de cinéma. D'une fonction purement informative et légale, il donne à celui-ci une dimension narrative et artistique, réalisant de véritables courts-métrages qui font partie intégrante du film en tant qu'œuvre. Bass souligne la thématique visuelle et dramatique du film, expose le caractère des personnages. La qualité originale de Bass réside dans sa capacité à identifier le détail qui résume à lui seul le film et à le restituer de manière graphique et moderne. C’est la synthèse diabolique du trait noir et du monochrome, servie par un sens implacable de la composition et de la typographie qui fait la justesse des génériques de Saul Bass : un minimum de moyens pour un maximum d’effets. La bande-annonce d’un film signé par le maître, devient une carte de visite éternelle et s’inscrit dans l’inconscient collectif. Saul Bass expérimente, profite des nouvelles possibilités techniques (le cinémascope, techniscope,…), à commencer par l’apparition de la couleur, désormais commune. Il renoue avec une approche populaire de l’image, détournant les caractères typographiques communs. Les cultures et les influences s’entrechoquent, à l’image de ses horizontales et verticales qui se retrouveront souvent dans ses génériques par la suite, refusant le superflu pour se concentrer sur la thématique du film. L’atmosphère est marquée par les évolutions brutales ou au contraire plus progressive des couleurs, des signes, des plans.

« Le générique de film est l’art subtil de mélanger image, typographie et musique. C’est une partie méconnue de l’histoire du cinéma, du graphisme et de notre mémoire collective (…) »

Blow up

émission Blow Up Arte sur Elaine et Saul Bass.