La Muralla Roja

"Je ne sais pas s’il faut parler de fantaisie ou de créativité. La fantaisie — le flot illimité d’imagination — est plus proche du délire. La créativité, au contraire, requiert de la concentration, rassemblant les idées dans un mécanisme cohérent. Toute ma vie, j’ai recherché l’équilibre qui me permettrait d’avoir le maximum de liberté personnelle et de créativité. »

— Ricardo Bofill, l'architecte

Histoire

La Muralla Roja, La Muraille Rouge en français et The Red Wall en anglais a été conçue par l'architecte Ricardo Bofill pour le client Palomar SA en 1968 et entièrement construit en 1973. Son édifice est devenu un joyau architectural moderne en Espagne, grâce à son inspiration dans la culture arabe méditerranéenne, le jeu des tons et la géométrie de sa forme.

Situé au bord d’une falaise à Calpe, dans la province d’Alicante, ce bâtiment se distingue par la nature du lieu. Sa forme de croix intègre différents volumes accentués par des nuances allant du rouge au rose et du bleu au violet. Cette palette de couleurs pastels crée un contraste avec le paysage naturel.

1973
vue des couleurs de la muralla roja
vue d'ensemble avec végétation

Inspiration

Pour ce projet, Bofill a voulu effacer la division post-Renaissance entre espaces publics et espaces privés. Il s'inspira de l’architecture des casbahs nord-africaines. Une casbah ou kasbah est la partie d’une ville fortifiée dans les pays d’Afrique du Nord. L’architecte s’inspire ainsi des styles architecturaux arabes méditerranéens en les réinterprétant de manière avant-gardiste tout en incorporant les éléments traditionnels comme les places, les escaliers et les ponts qui relient tous les appartements les uns aux autres.

casbahs
casbahs
vue de haut de la Muralla Roja avec la mer vue de haut de la Muralla Roja en forme de croix grecque
croix grecque

Les cinquante appartements de cette station balnéaire se répartissent dans un plan en croix grecque. Des murailles lisses et crénelées s’élèvent sur différents niveaux autour de patios, en référence aux tours d’adobe des kasbah nord-africaines. Les structures sont peintes selon leurs fonctions : tons rose et rouge pour les remparts et surfaces extérieures ; bleu ciel et indigo pour les terrasses et les escaliers. Les couleurs choisies évoquent sa volonté de donner un relief déterminé aux éléments architecturaux distincts, selon leurs fonctions structurelles.

C’est une interprétation courante que les tons rouges et roses de La Muralla Roja sont utilisés pour présenter un contraste ou une emphase sur le paysage avec les couleurs terreuses de rouge et de rose. De même, les tons bleus sont utilisés en rappel les teintes du ciel et/ou de l’eau. Cette considération de l’environnement est un attribut commun du travail de Ricardo Bofill. L’architecte souhaitait que les espaces privés et communs soient décloisonnés. En rooftop, une piscine, un solarium et un sauna rappellent la vocation balnéaire du lieu.

Les espaces privés et communs étaient voulus décloisonnés par l’architecte, ce qui a donné lieu à un dédale d’escaliers créant l’impression d’un labyrinthe. Cette singularité a d’ailleurs inspiré l’une des scènes de la célèbre série coréenne Squid Game, augmentant l’affluence touristique déjà accrue des lieux. C’est effectivement l’un des spots les plus prisés des influenceurs mais aussi des photographes professionnels de la mode. Il faut dire que la symbiose des couleurs offre un cachet considérable à l’architecture.

La Muralla Roja pourrait d’ailleurs être classé comme bien d’intérêt culturel, mais ses habitants le refusent par crainte d’attirer encore plus de visiteurs.

Muralla Roja et vue de la mer
Escaliers rose de la Muralla Roja
Intérieur de la Muralla Roja
Vue de haut de la géométrie de l'architecture
Muralla Roja et sa végétation
Escaliers bleus
Escaliers bleus
Vue des trois couleurs
Différents tons de bleu et rose de l'architecture

Lieu

La Muralla Roja est située au bord d’une falaise de 330 mètres de haut à Calpe, dans la province d’Alicante dans la communauté de Valencienne, à l’est de l’Espagne. Ce bâtiment se distingue par la nature du lieu.

Ce complexe d’appartements a de somptueux points de vues sur le rocher de Calpe, el Peñon de Ifach, et sur la mer Méditerranée.

Les couleurs utilisées pour les façades de La Muralla Roja donnent une impression de fusion avec le paysage, ce qui crée une atmosphère utopique au lieu.

vue de Calpe depuis la Muralla Roja
vue de Calpe depuis la Muralla Roja
Muralla Roja sur la montagne
Calpe

Architecte

Ricardo Bofill est né à Barcelone en 1939, il étudie à l’École d’architecture de sa ville natale puis à l’université de Genève. Il conçoit sa première maison à 19 ans. Avant de se consacrer entièrement à l’architecture, il fait une incursion dans le monde du cinéma et réalise deux films, ainsi que plusieurs courts-métrages. En 1964, il fonde l’Atelier d’architecture, ce qui lui permet d’acquérir de l’expérience en matière de design urbain et d’architecture, mais aussi de conception de jardins, de parcs et d’intérieurs. Son travail en tant qu’urbaniste, particulièrement remarquable, a donné forme à des projets tels que la Place de l’Europe à Luxembourg et le prolongement du Paseo de la Castellana à Madrid. On décrit le style architectural de Ricardo Bofill comme post moderne. En plus d’utiliser des matériaux modernes comme le verre et l’acier, Bofill aime reprendre les tendances d’architecture classique. Ce mélange produit des constructions de grandes échelles, uniques et mémorables. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages théoriques, dont notamment La Ciudad del arquitecto. Il meurt à Barcelone en 2022.

Durant sa carrière, Ricardo Bofill fût de nombreuses fois récompensé.

| Croix de San Jordi, décernée par la Generalitat de Catalogne (1973)

| Membre honoraire de l'American Institute of Architects (1985)

| Docteur Honoris Causa de l'Université de Metz, France (1995)

| Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres, du Ministère de la Culture (1988)

portrait de Ricardo Bofill
Ricardo Bofill

Réinventer l’urbanisme classique des villes européennes et réfléchir à de nouvelles façons de faire cohabiter les communautés au sein d’un même espace, est le but de son travail. La ville idéale selon Ricardo Bofill est une ville où les grands bâtiments sont pensés comme des modules que l’on peut faire évoluer au fil du temps, et où toutes les classes sociales vivent en harmonie. Une vision utopiste, que l’on identifie facilement dans ses plus grandes œuvres.

Xanadú, Espagne
Xanadú, Espagne, 1971
La Fabrica, Barcelone
La Fabrica, Barcelone, 1973
Family House, Espagne
Family House, Espagne, 1973
Les Espaces d’Abraxas, France
Les Espaces d’Abraxas, France, 1983