Notre projet a pour but une célébration du désir, et traite également de la place de la sexualité et de l’érotisme dans la ville contemporaine. Il stimule l’imagination érotique et influence les comportements sexuels à travers des dispositifs spatiaux. Ouvertement narrative, notre architecture intervient sur l’ensemble de la ville en invoquant - plus qu’un projet radical -, une expérience labyrinthique ouverte aux scénarios qui n’ont droit qu’à une existence cachée et honteuse aujourd’hui.
Drapé traversé, curiosité éveillée.
L’enveloppement invoquant comme corollaire l’attraction, me laisse évoluer en ce lieu érogène refermé. Mon imaginaire alors activé, me permet d’expérimenter des sensations nouvelles ou oubliées.
Véritable cunnilingus urbain, l’importante langue s’agrippe à la façade, ouvre une brèche dans le mur, créée de nouveaux passages et m’aspire en son antre.
Le logement normatif laisse alors place à un lieu vidé de tout déterminisme toxique au détriment d’une fissure suggestive dans la façade, invitant à la pénétration physique de ce lieu accueillant des pratiques ne pouvant se tenir habituellement qu’à la marge. Prostitué.e.s, clubs libertins, lieux de rencontre, que sais-je, la mixité programmatique pour tout.e.s semble au rendez-vous au sein de cette termitière née.
Le brut, le non traité, l’instable, l’éphémère et le dégradable servent à des fins hautement jouissives. L’informe cherche à exploiter les conditions trouvées, à utiliser ce qui existe déjà, construisant avec la poussière, la saleté, les coulures et le gravier déjà là. Les matériaux les plus pauvres et les plus laids servent sans retenue les fins les plus hédonistes et les plus extravagantes. Dans sa fonctionnalité brute, la sculpture semble être le produit post-industriel d’un.e libertin.e hédoniste échoué.e en plein chantier.
Théâtre des possibles, ce dispositif est un masque ; il nous appelle à franchir les interdits en cachant ce qu’il se passe en son sein. Jouant des apparences, il se glisse entre les murs et révèle au grand jour la structure rudimentaire et artisanale qui le constitue. Bâti avec les restes d’un chantier à l’arrêt, les matériaux sont polyvalents et solides, mais plutôt laids, grossiers et rugueux. Tubes d’acier galvanisés utilisés pour les échafaudages, morceaux de contreplaqué dépourvus de finitions, fondations en béton armé ingénieusement façonnés en colonnes ornementales ; bien que parfaitement solide, la structure est temporaire et peut être aisément démontée et remontée où que ce soit, voir abandonnée sur place. Le brut, le non traité, l’instable, l’éphémère et le dégradable servent à des fins hautement jouissives.
Promenade solitaire, introspective. Expérimenta- tions épicuriennes et jubilatoires, le jardin labyrinthique devient labyrinthe érotique. Ici, tout n’est qu’alcôves et recoins mystérieux ; les possibilités se multiplient et me séduisent à l’idée de surprendre ou d’être surpris.e.s.
Jardin labyrinthique, ode à l’errance, il agite mes sens. Si la.le flâneur.euse est par essence, un.e libidineux.euse urbain.e jouisseur.euse de l’instant présent, nous lui offrons matière à sa délectation.
Le temps se fige et n’est plus une angoisse : l’expérience du présent s’intensifie. Cet ordonnancement à l’état sauvage me guide et me suffit pour transformer ma simple visite de courtoisie en une escalade des sens.
Un entraînement intense, une rencontre intime, une douche en commun. Ici, chacun.e peut poursuivre ses obsessions ; jusqu’à l’extase et l’épuisement. À l’intérieur de ce système clos, l’expérience corporelle est collective, excessive et obsédante.
L’énergie déployée au travestissement des corps est telle, que l’extase accompagne la descente d’un escalier quasi-utérin dont les courbes mènent droit au réconfort de la chair. Ultime étape de cette escalade de plaisirs, la succession d’atmosphères offerte par les couloirs ou les seuils sont autant d’éléments marquant la transition, la tension.