V E R T I G O

« Jusque-là, les génériques avaient tendance à se borner à n’être que de monotones listes de noms, largement ignorées, qu’on endurait, ou dont on profitait pour aller chercher du popcorn. Il semblait y avoir une réelle occasion d’utiliser le générique d’une manière nouvelle — de créer une atmosphère pour l’histoire qui allait être racontée[…] Puis, ça m’a un jour frappé que le générique pouvait apporter une contribution plus importante au processus narratif. Cela pouvait devenir un prologue », expliqua-t-il en 1977 dans une entrevue à Herbert Yager.

LE GÉNÉRIQUE

Très porté sur les innovations, Alfred Hitchcock demande à Saul Bass d’imaginer un concept pour le générique de son prochain film, Vertigo. Avec une parfaite compréhension de l’œuvre, Saul Bass réussit à créer un générique qui annonce au spectateur les grands thèmes du film : le vertige, la chute et la perte de contrôle. Rien n’est pourtant dit de manière très claire, mais tout y est suggéré. Saul Bass pose les bases et prépare le spectateur à entrer dans le film.
Du pur génie, qui soixante ans après n’a pas pris une ride et a influencé tout le cinéma moderne. Cet œil féminin qui se meut en hypnotisantes spirales hélicoïdales en intro de Vertigo, cela vient de Saul Bass.


C’est au graphiste Saul Bass que l’on doit ce petit bijou de trois minutes, révolutionnaire pour l’époque. Avant cela, dans les années 1950, les génériques de films sont très ennuyeux et n'ont rien à voir avec l'histoire du film. C’est généralement une suite de noms empilés les uns sous les autres sur un fond gris, triste et sans identité. Tous les génériques se ressemblent et sont parfaitement interchangeables. Ils ne reflètent pas l’état émotionnel ou psychologique des personnages.

L'AFFICHE

Comme la plupart du temps à l’époque, c’est aussi lui qui dessine la cultissime affiche de Vertigo, un chef-d’œuvre résumant en une seule composition cette intrigue d’un détective (représenté par la silhouette pleine) qui perd presque la raison (la spirale) en pourchassant une morte (silhouette transparente).

affiche film vertigo

L'EFFET VERTIGO

On l’appelle travelling compensé (ou contrarié), contra-zoom, trans-trav, effet Vertigo. De quoi parle-t-on au juste ?
D’un procédé cinématographique consistant à contrebalancer les effets d’un zoom avant par un travelling arrière, ou inversement.
Donc d’employer deux effets, optiques et mécaniques, s’inscrivant à rebours l’un de l’autre. Le focus – un personnage par exemple – reste au centre du cadre, mais la perception des éléments qui l’entourent change radicalement.

Si le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock a prêté son nom à cette «technique » cinématographique, cela ne doit rien au hasard. Sueurs froides, soit Vertigo en titre original, a non seulement initié cet effet en 1958, mais le film repose en outre largement sur le vertige de Scottie, lui-même exprimé à l’écran par le recours au trans-trav.
Visuellement, l’effet peut être saisissant. Le cadre gagne en plasticité, ses composantes se brouillent et quelque chose de grinçant semble en suspens. Avec le contra-zoom, les couloirs s’étirent, les barreaux des prisons accablent, les courses motorisées deviennent effrénées, les perspectives se distordent, les arrière-plans écrasent les avant-plans ou se dérobent soudainement à eux.

Crédits vidéos © Ariel Jiménez Saint © MovieTitles
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